jeudi 15 novembre 2012

Electrique : Chapitre 5

Elle dévale les escaliers. Vite. De plus en plus vite. 
Son corps lui semble tellement lourd, les marches arrivent tellement vite.
Elle sent son pied dans le vide et soudain tout son poids bascule en avant.

Elle veut crier mais elle n'en a pas le temps, son souffle se coupe, elle sait qu'elle va rouler dans les escaliers. La peur glace son corps et le paralyse.
Elle se sent légère, comme si elle volait.
Avant qu'elle ait réalisé, elle se retrouve en bas, sur ses deux pieds. Le contact dur du sol la ramène a la réalité, la gravité reprend ses droits, son corps retrouve son poids et elle s'effondre. 

- "Aïe mes coudes!"

Elle veut se relever mais elle est tout engourdie, ses membres semblent peser une tonne, il lui faut fournir un effort désespéré pour lever la tête.
Elle se laisse retomber.

Allongée face contre terre, le bruit des balles étouffés par les étages, elle essaye de reprendre ses esprits à voix haute.

- "Qu'est-ce qu'il m'arrive à la fin... je me sens tellement lasse...."

Elle reprend doucement son souffle et il lui semble que le sang circule a nouveau correctement dans ses veines.

- "Aaaaaah pourquoi ma main ne veut pas bouger!!! Allé bouge!"

Dans un râle elle parvint a soulever son buste. D'un élan elle se projette en arrière et se retrouve assise contre le mur de la cage d'escalier.

- "Bon, j'ai l'impression que mon corps revient à la normale. Mais je suis à quel étage maintenant?"

Elle lève la tête. Son souffle se coupe. Un air de stupeur se lit sur son visage.
Au-dessus d'elle elle peut voir des escaliers sans fin. Elle réalise qu'elle est au sous-sol. Elle est au bas des cinquante étages du bâtiment.

- "C..Co...Comment c'est possible????"

Elle repense à la sensation d’apesanteur qu'elle a ressenti dans sa chute. 

- "Ce serait... mon cerveau qui a fait ça?"

Son rythme cardiaque accélère. La peur commence à l'envahir. Ses mains tremblent. Elle claque des dents.
Elle prend sa tête dans les mains et serre ses genoux contre elle.

- "C'est pas possible... c'est pas possible!!!!"
Des larmes de nerfs coulent de ses yeux grand ouverts.

- "Respire, respire ma fille, respire, tout a une explication, tout est rationnel, tu dois te calmer, tu dois te calmer, tu dois...AAAAAAAAAAAAAAAH!!!!"

Un cri strident sort de sa gorge. Le temps semble s'être figé. 
En un instant les murs se fissurent. 
Sous la pression la cage d'escalier explose. Le bâtiment se retrouve éventré.

Le silence.
Elle aime le silence. 
Tout semble si calme.
Elle se sent tellement mieux. Tellement plus légère. La poussière des murs en charpie tombe autour d'elle comme des flocons de neige.
Elle se sent presque heureuse. Apaisée.

La lumière du jour l'a entourée de ses rayons tendres.
Elle regarde le ciel.

- "C'est tellement beau..."

Elle regarde les flocons tomber.
Elle repense à l'hiver, elle a toujours aimé regarder la neige tomber par la fenêtre de son balcon, une tasse chaude dans les mains. La sensation de picotement dans son nez quand, à chaque gorgée, la fumée chaude venait le réchauffer. Le monde semblait avoir arrêté pour quelques instants sa folie meurtrière. Tout n'était que calme et paix.
Pourquoi le temps passe si vite se dit-elle, je voudrais que ce moment ne se termine jamais...

- "On se replie! Appelez la base! On a des hommes a terre!"

Un cri étouffé attire son attention. Elle tourne la tête a droite. Ses yeux s'écarquillent.
Un homme tend sa main vers elle. Il est allongé sur le ventre et peut à peine se mouvoir, étouffé par les poussières de béton.
Dans un râle il lui demande de l'aide.

Tout s'accélère. Elle regarde autour d'elle, il n'y a plus rien, plus d'escalier, plus de toit, plus de porte. Les premiers murs sont a dix mètres d'elle.
Elle se redresse a quatre pattes, se relève, en titubant elle s'approche de l'homme.
Elle le reconnait. C'est lui qui l'a protégé des tirs dans le couloir.

- "Je vais vous aider!"

Elle passe son bras autour de ses épaules et essaye de le relever. Il est lourd.
Tandis qu'elle tente de le traîner loin du bâtiment, des bruits de moteurs se font entendre. Dans le brouillard poussiéreux elle voit soudain deux ombres qui s'emparent d'elle et de l'homme.

- "Qu'est-ce que?"
- "Ne craigniez rien on va vous mettre en sécurité!"
- "Quoi? Lâchez...!
- "Ils sont... avec moi...Aaah!"

Il lui prend le bras avant de s'évanouir.
Sans comprendre se qu'il se passe, elle se retrouve a l'arrière d'une camionnette.

mercredi 14 novembre 2012

Tell me about him...


Parle moi...

Oh s'il te plait.... Parle moi encore de lui....

Comme on parlerai du beau ou du mauvais temps, du prix de la baguette de pain qui a encore augmenté, de demain qui va venir quoi qu'il se passe, du voisin qui a encore laissé son chat miauler sur le balcon toute la nuit, du froid qui devient de plus en plus piquant, de la vie, du jour et de la nuit...

Parle moi de lui sans le faire exprès, comme on parle d'un exemple juste pour se sentir rassuré de ne pas être seul, parle moi de lui de façon détaché, comme s'il était flou ou perdu dans un épais brouillard....

Mais surtout dis moi, ce qu'il fait, ce qu'il pense, ce qu'il dit, ce qu'il vit...

Mais qu'il ne soit pas le sujet principal de la discussion, qu'il ne soit pas trop présent, qu'il soit là sans être là, que son histoire n’oppresse pas le moment présent, afin que je puisse déguster chacun de tes mots, comme un chocolat que l'on mange délicatement afin que l'alcool ne nous brûle pas les papilles...
Il est si délicieux que je ne veux pas le finir trop vite... Comme un diabétique qui n'aurait droit qu'a ce chocolat, celui-là uniquement, et ce pour toute sa vie....

Parle moi de lui comme on évoquerai un souvenir d'enfance, si lointain, si brumeux, qu'on en viendrais a se demander si on l'a vraiment vécu ou si ce n'est que le fruit de notre imagination....

Réapprend moi a le connaitre, calme mon âme avec tes mots, rassure moi avec ses pensées...

Dis moi qu'il est loin et que je ne crains rien.